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Poème cosmogonique du vivant

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L’esprit est la partie immatérielle de l’être. 
Comme par complexe, il crée 
Des formes en permanence.
Ces formes sont l’illusion 
D’un monde intelligible.

Les formes sont finies. 
Elles sont les frontières qui englobent et délimitent des ensembles, qui deviennent des présences, des objets, 
Des idées, 
Avec lesquels nous organisons nos sociétés contemporaines.
L'objet est devenu le seul matériau du raisonnement.


La forme est utile à la pensée. La forme est l'organe de la pensée.
Le mot est l'organe de la phrase. 
La forme est une image, une idée, un bloc, qui organise la logique et la comprehension, au point qu'il est devenu impensable d'agencer les invisibles.

Si je dessine au crayon la forme d’une coccinelle, on pourra en reconnaître l'image, la representation de cet insecte,
Mais l’image ici n’est qu’une idée, et
L’esprit qui raisonne avec des idées perd son corps,
Perd sa forme.
Si maintenant je la peins, elle sera investie de couleurs, et de lumières, 
Cette coccinelle prendra une toute autre dimension.
Elle ne sera plus une forme, elle sera alors douée d’un contenant, d’une mobilité, d’une perception, d’un agencement, habitée d'un mouvement invisible, un vivant. 
Cette même qualité pourra également être représentée de façon isolée par de simples taches de couleurs, plus abstraites, et on pourra presque vivre ses intentions seulement.

Si le mot n'est une forme, si la phrase n'est également qu'une forme, 
Écrire est parfois un processus mystique où 
Le propos est au dessus du livre,
Dans le spectre de l'auteur, dans
Le spectre du lecteur.

L'artiste doit se familiariser avec
Cette dimension abstraite
Qui régit le monde concret.
C'est l'enjeu de ce livre dont 
Le pouvoir
Sera d'habiter et d'investir le vivant.

L’idée est la tentative de l’esprit à abstraire le corps, 
À se mouvoir dans le conscient plutôt que dans l’espace concret.
L’idée est cette forme qui fuit les perceptions et les affects pour ne s'agencer que dans les représentations de l'esprit.
L’idée est la trace d’une volonté à supplanter la perception du concret par l’objectivité.

Soit, il est assez judicieux d'admettre à partir de maintenant que l'objectivité m'est moins concrète que la subjectivité, dès lors que la subjectivité se limite aux sens dépourvus de leurs interprétations. 
De la même façon, il sera judicieux de me lire en sachant que j'attribue à la subjectivité une objectivité supérieur à l'objectivité même. Et encore, il sera judicieux de me lire en admettant que l'abstrait qui trouve une perception dans le corps est une présence plus concrète que ce que la pensée peut concevoir de concret.
Ce n'est ici que le premier paradoxe, la première absurdité, qu'il est nécessaire de vivre pour adhérer au vivant.

Si l’esprit se veut moins volontaire, et au prix d’un dur labeur, il sera en mesure de constater et constater seulement. Il redeviendra propriété du corps et l’esprit aura alors recouvré sa fonction : habiter le corps et fusionner avec lui pour une perception du milieu qui puisse s'opérer également dans le spectre des invisibles.

Ces capacités impensables à percevoir déplacent les limites physiques du corps vers l’extérieur. C’est ce qui donne au corps une dimension plus grande que l’objet seul qu’il représente, sa subjectivité est alors en lui et en dehors de lui. 

Le corps devient ce qu’il perçoit. C’est, plus que sa propre nature, la nature même : Le corps fusionne naturellement avec la musicalité qui le traverse. Il saisit naturellement, organiquement, l’essence d'un contexte pour mieux le traverser. 

Dans ce phénomène d'intrication (le mot est posé), je « deviens » alors ce que je perçois. Mon corps, allongé sous un arbre au bord d’une rivière, devient le moment. Il devient la scène et est confondu avec elle. Son mouvement n’est qu’une danse orchestrée par les organes extérieurs devenus les siens. L’arbre, la rivière, l’oiseau, le possible poisson, la terre fertile et l'odeur des alluvions, cette ambiance, ce rythme est maintenant mon corps tout entier. Mon corps devient autre chose qu’un simple organe, il devient un champ de possible parfaitement adapté par les rythmes inconscients de la rive, et peut-être même le corps est devenu l’amont et l’aval. Il ne serait rien d'autre que ce Narcisse si mon esprit ne serait là pour distinguer les formes et me rappeler à ma propriété d'être singulier et fragile, de présence en tant que rythme distinct, remarquable, et en proie au monde dévorant.

Lire est parfois un exercice mystique,
Ce poème m'est une épreuve nécessaire pour jouer au théâtre.

L’être d’esprit qui n'est que d'esprit sort de sa présence organique et concrète, sont corps devient un objet, une idée. Il ne peut s’émanciper que vers un monde d’illusion, dans lequel il a une obsession acharnée à l’identification plutôt qu'à la fusion.
Ce monde fictif de représentations objectales a pour blessure fondamentale l’abstraction de sa présence mouvante et concrète. L’être devient un être pensant désincarné dans la tragédie de la dissociation. Il agence maintenant des concepts comme on assemble des objets, il n'est lui même qu'un rouage dans un système déterministe et logique là 
Où son corps
Ne lui parle que d’absurdes intrications.

Pour toucher le concret,
Le corps ne peut pas se parler, 
Il ne peut pas se dire, 
Il ne peut pas se penser.
Il se constate dans le maillage des présences perceptibles.
Et c'est seulement ainsi qu'il peut être
Témoin de l'exercice de son vivant,
Et donc du vivant en tant que mouvement omniprésent.
C'est la seule
Présence concrète et fiable, 
Qui nous rend acteurs
De nos interactions.

Il y a donc deux façons d’appréhender sa présence et son environnement : 

  • Une façon objectale de concevoir le monde où notre pensée, plus ou moins loquace, s’applique à agencer les formes comme des presences. Le monde devient alors mécanique et régi par des codes stricts.
  • Une autre façon subjective, qui est cette fois de percevoir, plutôt que de concevoir, un monde sensible où chaque présence est habitée par des mouvements concrets et abstraits. La forme de la présence tend alors à s’effacer au profit d’un « champ » qui s'intrique directement sur les champs des autres corps. 

Ces champs arrosent et révèlent
Des perceptions lucides,
Des émotions franches
Et des intuitions justes.

Pourquoi l'écrire alors ?

Maintenant il est vrai qu’ici j’écris. Et je n’ai pas vraiment d’autre choix que d’user des codes objectaux du langage pour transmettre les expériences de mon théâtre.
Habitué aux paradoxes, je me prête sans complexe à l'exercice.
Pourrais-je suggérer aux esprits une réalité des corps afin de les éduquer un peu plus au vivant, et cela sous prétexte d’art théâtral ?
Cet enjeu mérite toutes les audaces.

Pour cela il me faut déconstruire la culture objectale dans son exercice favori, l’abstraction, et l'animer dans la musicalité des intrications.

Éteindre la pensée par l'exercice poétique

Comprendre le théâtre, comprendre le vivant, nécessite de se familiariser avec l'absurde et le paradoxe. Il est important d'admettre que, dans une dramaturgie, résoudre un problème ne permet pas aux protagonistes de s'y confronter avec affect. Il faut donc commencer ici par s'immerger dans l'absurde et le paradoxe, et mettre en lumière toute leur autorité.
Les conventions logiques, académiques et culturelles ne permettant pas cette réalisation. Je dois investir des ressources poétique pour répondre à cette nécessité.

L'abstraction et l’intrication

Trouver une forme c’est être en mesure de l’extraire de son contexte, c'est un découpage par l'abstraction.
Tout comme l’esprit objectal a su découper sa subjectivité pour mieux s’en défaire, il me faudra faire abstraction jusqu'à l'abstraction de l’abstraction pour tout faire renaître dans l'intrication devenue une fonction matricielle.

Déconstruire l’abstraction jusqu’au paradoxe et reconstruire une mondiation par une intrication ontologique, c'est là mon ambition poétique. C’est là user d’un langage abstrait, dans une construction confuse, par un style absent, où chaque idée serait intriquée aux autres par la force de sa présence, sans paramètre de temps ni d’espace et dans un soucis littéraire nul. Je me permets donc d’initier ce chapitre avec un style littéraire certes des plus indigestes, mais aussi des plus justes, et des plus adaptés à notre sujet : l’abstraction de la forme pour une recherche cosmogonique du vivant.

L'intrication et l'abstraction sont deux fonctions, deux mouvements qui, dans leur intrication et leur abstraction, donnent une forme au cosmos. C'est grâce à ces deux mouvements que nous pouvons établir des ensembles et des limites, des corps et des membranes, des temps et des durées.
Dès que nous donnons un ordre particulier dans cette mécanique, nous créons des mondiations, des façons singulières de concevoir le monde. 
Intrication et abstraction sont deux fonctions fondamentales.

L’intrication seule ne peut pas se penser, parce qu'elle est absolue. L'intrication seule est une saturation, un bruit asphyxiant. Elle demanderait à initier un voyage omniscient où l’esprit serait aussi l’espace-temps, où tout serait signature de tout, origine de tout où tout est par tout, vers tout et en tout.
On le devine alors, l’intrication seule finirait que par être une forme d’abstraction par le plein, ce qui, pour l’instant, est intenable.
L’intrication ne peut se comprendre que par la force des abstractions emmenées jusque-là où l’esprit serait seul au milieu du néant, puis s’annihilerait de lui-même.
Si l’intrication était seule fonction proposée à l’esprit, celui-ci,
Fusionnant avec le cosmos,
Exploserait.

L'abstraction est plus aisée. Nous pouvons commencer par abstraire une chose, une chose simple comme une fenêtre, puis un meuble et aussi quelques souvenirs et
Dans un exercice puissant de méditation,
Creuser dans la mémoire de notre matière.

Faire abstraction, ce n’est pas creuser, c’est séparer et faire l’effort d’oublier. 
Est-ce que j'ai fait là l'abstraction de ma fenêtre,
Ou abstraction avec ma fenêtre ? 
La question naïve au premier abord est de toute importance. Il ma bien fallu une fenêtre pour en faire l'abstraction. Et emmené dans l'abstraction avec ma fenêtre tout le monde extérieur s'est retrouvé disparu.

Faire abstraction avec, c’est extraire un corps d’un ensemble où l’ensemble n’est pas oublié ; c’est là tout à fait l’inverse de l’intrication. L'intrication, dans cette dynamique, fait perdre toute forme intelligible aux présences. Elle est un mouvement matriciel. L’intrication opère comme un ether gluant et confondant. Il est le cristal des espaces-temps. Sans l’intrication, le cosmos ne serait que chaos de vacuités.

Pour donner un mouvement cohérent à ma pensée, il me faut user de l’abstraction seulement. Je veux ici confondre ma pensée dans son propre paradoxe, pour cela je dois d'abord me plier à l’abstraction seule, unique fonction accessible à la pensée, l’intrication se manifestant à l’esprit que par l’expérience du corps. 
L’abstraction est le mouvement originel de la pensée. L’abstraction est notre référentiel épistémologique humain. C’est grâce à l’abstraction que nous pouvons donner des formes au monde. La délimitation en objets, les images, avec lesquelles nous rendons le monde intelligible ne sont que des abstractions de contexte et d'influences. Sans l’abstraction tout serait brûlé, confondu à nos sens, à nos esprits, et seul l’apprentissage de réflexes reptiliens pourrait nous assurer une survie, quand bien même il serait tenable d’évoluer au cœur du soleil. Nous serions confondus au cosmos et sidérés. L’abstraction est ce qui nous permet d’échapper au cosmos, et de nous donner au sens de nos vies d'êtres mortels.

Mon corps est un livre sacré.

En donnant une membrane à nos cellules, nous avons pris une forme et notre présence est devenu un corps. Le vivant a fait abstraction de lui-même avec son environnement. Son esprit animiste a acquis une volonté propre et il a commencé à se mouvoir. Cette volonté et sa mobilité a permis à l’esprit de se projeter dans des futurs de plus en plus éloignés, projetant la nouvelle phantasia et son imaginaire. L’imaginaire a ouvert la voie à la memoire. Les souvenirs, dans les mouvements d'abstraction et d'intrication, a permis la psychologie. Cette psychologie échappe naturellement à l’environnement. L'esprit humain s’est spécialisé dans l'abstrait et s’est évanoui dans des mystiques puissantes et variées. Par complexe, la persévérance de l’esprit à toucher l’immatérialité l'a amené jusqu'au pouvoir de désincarnation, c’est-à-dire l’abstraction de l’environnement physique, concret, poussée jusqu’à l’intimité du corps.
Ainsi est s'est structuré l'être social ou la culture a supplanté la nature. C'est la peur de ne pas arriver à penser, qui a nourri la désensibilisation à l'invisible, et porté la dénaturation de l'être humain. cette abstraction originelle de la pensée a permis le langage et l'être humain s'est spécialisé dans la dichotomie franche des être dissociés.

Ni dieu, ni bête.

Si l’abstraction devient seule fonction proposée à mon esprit, je peux espérer aller toucher le néant et trouver, à rebours de ces abstractions, des présences qui me permettraient de mieux comprendre mon environnement concret, indispensables pour affûter mes perceptions de la façon la plus radicale et la plus essentielle. Retrouver un monde nu qui serait révélateur de quelques évidences oubliées.
En l'écrivant je me rend compte que c'est cela
La poésie.
Et alors je découvre la valeur de ma démarche et continue de creuser.

Puisque l’abstraction est le fondement même de la pensée là où le corps est missionné pour l’intrication, alors l’abstraction peut être dans la pensée seule et peut donc s’écrire. 

Ma pensée béguaie comme un coup de pelle.

L’abstraction est la source de nos confusions quand elle n’a pas réussi à trouver ses fondations dans le néant même et qu’elle ne se suffit pas à elle-même. Je veux la voir sur ses terres.

L’abstraction est une source de paradoxe quand une chose est abstraite depuis deux ensembles distincts.

Je dois m'abstraire de mon corps pour faire l'exercice de la pensée, mais je ne peux pas m'abstraire de mon corps pour faire l’exercice de la pensée. Cet impossible détachement au corps induit aussi son impossible résolution.
Je parle là probablement de l’expérience de la mort et dès lors je serai démunis pour la penser.
Je ne peux pas m'abstraire de mon corps orgasmiques pour respecter le désir impartial de la vérité.
Le corps organique est un objet concret.
Le corps orgasmique est un mouvant dans la dimension qui rend au concret toute sa lucidité.

Je dois faire avec, et ainsi raisonner avec, et
Peu importe l'objet puisque
Il n'est ici question que de couleur et de néant.

Je constate sans difficulté qu’à la vue de toutes ces contraintes,
C’est un exercice périlleux qui m'attend,
Et que je ne pourrai jamais échapper à l'absurde.

L'absurde est la clef.
Sa régie est stricte elle
Est mon orgasme.

L’abstraction est ainsi l’aveu de ma présence comme une fatalité insupportable si
Être vivant est une qualité devenue redoutée par l’esprit. 
L’abstraction m'oblige à ma présence. Elle m'oblige, par conséquent, physiquement, à chaque autre présence, concrète et abstraite. Elle m'oblige à la tentation
Des intrications.
Je lutte et m'accroche à ma pelle bègue.
Ainsi, je n’essentialise plus, je formalise à tue-tête.
Les phénomènes invisibles, imperceptibles du cosmos me sont alors rendus impensables dans la maniaquerie objectale.

Dans cet état d’esprit, la lumière devient invisible et il m'est littéralement impossible de penser.
C’est le paradoxe de la pensée.
Nous ne pouvons nous abstraire du corps pour penser.

L’abstraction seule est un anthropocentrisme insoluble.

La seule façon d’échapper à cette impuissance, c’est de regarder le cosmos depuis son corps et de concevoir son corps comme le vecteur qui nous tient au cosmos.
Pour penser le cosmos avec justesse, nous sommes obligés de l’aborder par la relation qui nous tient à lui,  nous
Sommes obligés de
Théâtraliser le cosmos.

À force d'abstraction, je réalise la fragilités des objets, des idées, et j'observe le mouvement de mon poème. Je découvre que je ne suis plus que mouvement traversant les concepts comme une aiguille traverse les corps.
Il m'est maintenant nécessaire de jouer, et de transfigurer mon imaginaire d'une phantasia, dans son mouvement, dans le mouvement de l’esprit qui lie le corps à la pensée. Je dois devenir ce spectre pour percer le cosmos.
Je dois être en dialogue avec mon corps et en réflexion avec sa phantasia.
Le corps sensible est mon héritage, il est adapté à l’univers et
Il est son plus fort témoignage.
Il est, par le cosmos, la base d’un vecteur pour atteindre ma pensée.
Ce vecteur, c’est la subjectivité réinitialisée.
La phantasia est le liant subjectif du corps et du cosmos qui, par intrication, se réfléchissent l’un dans l’autre sur l’écran de mon esprit.

Dans ce mouvement, il y a la poésie, seule véritable interrogation absolue qui devient la seule source concrète de connaissance, la seule expérience de pensée abstraite qui fuit la vacuité du savoir.

La poésie est un état méditatif d’interactions avec le cosmos. Par la poésie, je trouve cette beauté qui fait de mon être une présence du cosmos. La poésie est un état qui valide une vérité par la beauté dans la révélation du corps en inversant la phantasia jusqu’à retrouver le chant originel du cosmos. 
Théâtraliser la relation qui peut exister entre l’objectivité mentale et la subjectivité orgasmique, c’est investir ma connaissance par son juste mouvement poétique, c'est
Abandonner le phantasme de la pensée seule et fictive
Dans l’idée que l’univers réside dans une seule loi d’interaction, celle de l’intrication. 
L’intrication est un phénomène pré-espace-temps où rien n'est dissociable de tout, et où l’identification d’une chose est rendue impossible par l’absence des formes induite par cette dimension des pré-espace-temps.

L'inconscient n'a d'inconscient que le nom.
Il apparaît quand ma pensée dévore la phantasia et
Disparaît quand le corps valide chaque réminiscence
Dans le regard stupéfait de ma pensée.

Ma pensée m'appartient,
Ma phantasia elle,
Est le chant du cosmos.

La trouvaille se ferait donc dans les dialogues à nous-mêmes, dans la relation qu’aurait notre esprit immatériel avec notre corps ancré dans le cosmos ? Cette dynamique de pensée semblerait alors s’offrir à toutes les impostures ?
Cela est erroné. Cette démarche serait imposture si je cherchais une vérité préméditée. Et cette vérité ne serait qu’éphémère puisqu’elle disparaîtrait au moment même où elle serait apparue. Car ainsi fonctionne la vérité dans le contexte désordonné pré-espace-temps, elle est condamnée à être annihilée par la nature amorphique du contexte qui l’a vu naître.
Pour échapper à l’imposture je me contente du sentiment de beauté que m’offre la pensée rendue vierge. 
La beauté inouïe
D'une pensée rendue vierge et cohérente par l’abstraction avec tout ce qui m’entoure.
Ma subjectivité réduite à son faisceau absurde est la seule fonction fiable pour écouter et entendre le cosmos.

Mais si, pour l'écrire, je ne peux être qu’esprit, je dois être des abstractions et des abstractions seulement. Si je veux réfléchir, je dois donc faire abstraction avec mon corps et le mettre en tenseur pour penser vers lui. Avec lui,
Je plonge dans mon corps rendu hypersensible et je fais les abstractions en cascade dans le tenseur du cosmos dont je suis le témoin. Je trouverai, à la source de cette phantasia, la pensée seule et nue, la poésie, que je pourrai chérir comme une enfant pour initier mon vivant aux joies des découvertes primordiales, au deçà des sciences et des savoirs.

Je creuse.
La raison est une fourmilière immobile.

J’abstrais et dérive le tenseur du cosmos.

J’abstrais mon humanité, mon histoire et mon avenir. J’abstrais la flore, la faune. J’abstrais chaque chose, le soleil et la lune. Le sol, les étoiles et les vents, j’abstrais encore et encore j’abstrais jusqu’à éteindre la lumière de ma mémoire jusqu'à ce qu'il fasse nuit sur la nuit, et nuit encore.

Au terme apparent de ces abstractions, derrière le chaos, bien avant l’espace et le temps, il y a le néant ce
Nulle part omniprésent.

Le néant m'est la partie la plus complexe à ne pas fantasmer. Je dois maintenant disparaître et ainsi éteindre ce théâtre, il me faut abstraire ma pensée et son référentiel, devenus présences indésirables.

J'abstrais et 
Mon esprit est mort dans son projet. Voici ce qu’il a trouvé :

Le néant est l’incommencé. 
Le néant est un incommencé et il est donc un infini. 
L’infini et l’incommencé sont dès lors naturellement intriqués.
Il faut garder en tête et en corps la situation abstraite où il est pour l’instant seulement un incommencé, garder en tête que le temps et l’espace n’existent pas encore.
Le néant est donc l’incommencé et l’infini intriqués.
Le néant un mouvement, il est le mouvement même car il est sans espace et sans objet, sans espace ni objet ni temps,
Le néant est le mouvement primordial.
Le Néant est le mouvement abstrait cristallin de deux infinis coincés l’un dans l’autre dans la danse intenable, dans la lutte cosmogonique des champs et
Il est maintenant un intervalle. 
Il est un intervalle sans espace ni temps entre un incommencé originel face à son infini potentiel.
Cet intervalle est maintenant une densité, c’est la densité des probables sans espace ni temps. C’est d'ailleurs une densité mise en tension par l’absence d’espace-temps.
L’infini et l’incommencé forment un rythme abstrait dans la potentialité de leurs probabilités. 
C’est la dimension zéro dans le rythme de l’intrication primordiale.

L néant est le mouvement du rythme du cosmos sans objet ni espace ni temps.

Le rythme crée une précision, une propriété, c'est un phénomène remarquable dans l'abstrait. C’est cette précision qui donne un corps au néant. C'est une infime precision abstraite qui emplie le néant omniprésent et abstrait. C'est seulement ici un rythme a temps sourd et unique inconcevable interminable qui n'a jamais été.
C’est ce que je peux imaginer quand je tente d’imaginer un néant sans corps, sans espace ni temps.
Le néant n’est plus qu’un champ de possible, c’est un champ.

L’infini plus un est encore l’infini. L’infini n’est pas une fonction, il est un mouvement. L'incommencé intriqué est un infini plus un qui n'a jamais été mis en mouvement. C'est un mouvement immobile et seul il est une matrice invisible.

Je découvre alors que l’intrication est la propriété des champs hors-espace-temps, et que l’abstraction n’est finalement que l’intuition de l’esprit à habiter un espace immatériel et atemporel.

Je découvre que mon esprit est le champ de mon corps et que leur lutte est une danse matricielle. 
La dualité corps-esprit est dans l’intrication la parfaite métaphore d’une métaphysique radicale des lois du cosmos.

Quand plus rien ne prend sens, quel intérêt d’attendre la vérité. 
Ma danse pense que les vérités sont des pas, seulement des pas.
Mon pied se lève.
Je danse.
Je suis vivant.

L’intervalle est une densité rendue exponentielle par la nature rythmique de l’intrication des infinis. 
L’intrication n’est en effet rien d’autre que la nature des présences à être liées par le tenseur du cosmos.
Cette matrice est elle-même distincte et confondue avec ses propres organes.
La distinction ne se fera que lorsqu’elle sera constatée, par un témoin capable d’abstraction, elle créera alors de l’espace et du temps.

L’intrication naît au contact sans référentiel du néant opposé à lui-même par un mouvement symétrique et à l'équilibre variant de l’infini et de l’incommencé.
C’est la tension dimensionnelle primordiale.

Mon seul talent n'aura jamais été 
Que d'avoir trouvé le néant
Et de l'avoir vu rebondir.

C’est la tension de l'abstraction qui cherche son seuil de saturation dans l’intrication.

C’est une somme de poïesis mise en relation dans le theatron du néant.

L’incommencé et l’infini ne sont encore que les avortons du temps et de l’espace. Ils se ressemblent comme deux fœtus et grandiront comme deux jumeaux. Ils sont distincts et intriqués comme Dionysos et Apollon dans la naissance d’une tragédie.

L’espace est une trace du temps et le temps est la trace de l’espace.

L’incommencé se réfléchit dans l’infini et tout deux entrent en résonance. Le néant est le rythme d’un seul battement à la symétrie impeccable et intenable. Une tension jusqu’au seuil du possible, elle attend sa propre saturation comme une maturation. L'infini et l'incommencé ensemble sont un corps d'intrication. La vague sans espace temps est un champ stationnaire et un vecteur au zéro dynamique.
Puis, au même endroit, l’infini se réfléchit dans l’incommencé d’un seul battement intriqué au premier. Leur résonance est une nouvelle saturation d’une autre dimension, un nouveau champ qui cogne sans espace ni temps le premier champ.
Deux champs qui se cognent distordent et crée le potentiel de la première énergie.
L’infini et l’incommencé ont ensemble créée le vecteur d’une nouvelle dimension. Là où leurs champs se touchent vient d’apparaître la première trace du temps, une unité d'espace.

Une présence,
Un référentiel,
Une forme de mouvement.

L'espace est un champ de champs.
Le temps est un champ de champs dans la dimension voisine.
Ensemble, ils créeront d'autres champs.
Lorsque deux champs de même dimensions se croisent ils s'embrassent, s'aiment, s'intriquent et deviennent une présence.

La dimension primordiale a trouvé son accélération. Elle devient une cascade de champ, puis de dimensions puis de
Champs-dimensions dans une cascade hors espace-temps. 
Un champ est maintenant une présence qui se cherche une interaction. La nature du champ est de porter vers
Les autres dimensions.
Le champ est le matériau d'une interaction qui se cherche dans le mouvement originel de l’intrication.
Il est l’énergie de l’accélération de la boucle de l’incommencé et de l’infini qui se retrouvent saturés dans l’intrication de leur rythme.

Dans un autre axe intriqué, 
L’infini et l’incommencé sont le tenant et l’aboutissant abstraits d’un espace bidirectionnel du moment primordial ou le commencé et le fini sont des interfaces. Ces interfaces sont les rythmes des champs. Ils feront fleurir deux autres dimensions qui feront de l’espace et du temps les deux parois de l’entonnoir du cosmos.

incommencé — commencé \ moment primordial des présences/ fini — infini

Le présent est l'intrication de deux mouvements générés par sa présence.

Le Big Bang, se ressent. Il est le battement incommencé et infini arrivé au seuil des mouvements. C’est le néant qui rebondit sur lui-même et qui rend possible les matériaux de l'espace-temps. C’est l’énergie cumulée dans les coulisses du temps qui s’est organisé dans un espace déterminé dans une dimension qui précède le commencement, après l'infini.

Le Big Bang, c’est la fragmentation explosive d’un battement primordial en morceaux d’infinis libérée par l'invisible, libérée par le champ improbable des présences.
 Ces infinis libérés sont des brins d’énergie, ils sont lumières et matières noire, ils sont des fragments du néant. Ils matérialisent l’espace et le temps. Certains se bouclent et créent les particules, le temps, ceux qui ne peuvent se boucler filent ou fusionnent, ils créent l’espace au pied de l’entonnoir du cosmos.

Ces segments d’infini existent dans toutes les dimensions. Ils sont en pré-espace-temps et en espace-temps. Ces états superposés sont de nouveaux champs, les champs sont des vecteurs qui emmènent dans une autre dimension. L’espace-temps est la dimension des incommencés et des infinis dans le champ de l’intrication. Ainsi dans le monde concret, le champ devient une force parce qu’au deçà des présences physiques, la nature de n’importe quel corps à être avant tout un mouvement, se superpose à sa dimension spatiale. L’intrication des deux dimensions explique les différentes manifestations d’une seule présence. Ainsi l’onde lumineuse, les champs gravitationnels, électrostatiques, champs de Higgs et tout autre champ ne sont que des manifestations interdimensionnelles des présences abstraites propulsées dans une dimension supérieure une fois la tension d’un seuil énergétique franchie.

Puis l’étreinte des brins crée de nouveaux champs, de nouvelles présences, de nouvelles dimensions. L’incommencé et l’infini sont maintenant les interfaces d’un univers où tout n’est qu’interactions de brins d’infinis en tension qui cherchent à recouvrer leur intrication dans les champs des interactions.

La vérité est la dimension absente du cosmos.

Tout se confond dans une sensation inouïe.

L’abstrait a créé le néant. Le néant crée le rythme. Le rythme suinte le champ. Le champ est l'avenir. L'avenir est la trace du passé.
L’intrication crée l’absurde. L’absurde crée le paradoxe. Le paradoxe créent l'absurde. Ensemble ils dansent une nouvelle dimension.

Et c’est la naissance intriquée de l’absurde et du paradoxe comme lois fondamentales d’un univers de mouvances. L’absurde est l’énergie qui a quitté sa tension, qui a fui le seuil des possibles pour traverser le concret.

L'absurde est un organe matriciel, il est l’intrication vectorielle séquencée hors espace temps par l’abstraction de l’abstraction, il est la simultanéité des opposés et des inverses dans la définition de leur mouvement.

L’absurde est la matière première de ce texte créé dans le champ de mon vivant où chaque mot s’intrique pour rendre la musicalité d’une pensée rendue inaccessible.

L’absurde est une lumière, un champ. L’absurde est la forme d’organisation par les intervalles d'une organisation invisible d’un mouvement réalisé dans le référentiel d’une autre dimension. Elle se distingue du chaos, car elle est habitée par le rythme. Le chaos, c’est l’infini qui n’a jamais su trouver de rythme. 

L’abstraction de l’abstraction s’est dissout dans le rythme pour libérer l’absurde.

J'accélère.
L'abstraction de l'abstraction devient un rythme intriqué.
Les  infinis s'y bouclent par la symétrie de leurs incommencés, des opposés et des inverses qui dans la fuite scalaire des nouvelles dimensions créent des champs comme des sources cosmiques.
C'est l'énergie noire,
C'est le temps.
C'est la trace de l'espace et du temps dont ils sont la trace.
Il est l'univers en expansion, il est l'infini, le pluriel d'un infini en devenir, la tension du cosmos dans son mouvement narcissique invisible.
Les tensions en seuil sont les énergies de ce tenseur originel, où la matière émerge par la lutte des champs, depuis la forme des infinis, dans le travail de leurs boucles.

L’abstraction de l’abstraction s’est dissout dans le rythme pour libérer le concret.

L’absurde est la manifestation cinétique de l’intrication dans un univers où tout n’est qu’interactions d'invisibles et d'inconcevables.

Là où mon corps,
Heureux et rieur,
Constate.

Il devrait exister un mot, dépourvu de mystique, qui désignerait la forme d’un univers où tout est intriqué quand nos esprits entraînés ne savent plus être assez naïfs pour le concevoir.

C’est ainsi que l’être humain a désiré le théâtre :
Pour tenter sa cohérence
Avec le cosmos.


Dans un simple désir d’intrication
À se regarder
Et se laisser
Affecter.

J’ai investi l’interaction dans l’espace absurde tensoriel du cosmos.
De cette expérience,
Force est de constater que
Je suis vivant.

Je ne veux plus résoudre les problèmes.
Je veux les jouer,
Les vivre.
Je suis vivant.