Le corps perceptif et son environnement
La perception est la première manifestation de l'être. Tout ce que je suis, je le suis parce que j'ai perçu et qu'en percevant j'ai pu constater ma relation au monde. En percevant j'ai pu constater ma présence relative aux autres présence. Jusqu'à m'identifier à cela.
Elle sera une source
La perception est la condition nécessaire à être. Aucune action ne peut être générée, aucune pensée ne peut être élaborée, aucune survie ne peut être rendue supportable sans la faculté de percevoir. Le corps est la condition à la perception. Il est ce lien fiable à la dimension du concret qui permet, lorsqu’il est investi de perception, d’être au-delà d’exister.
Le corps humain est quasiment entièrement perceptif. Il l’est de part les 5 sens les plus admis, mais il est possible de chercher plus d’ouverture. Si on accepte naturellement d’autres facultés perceptives, d’autres sens viennent compléter cette liste. Par-delà l’ouïe, le toucher, le goût, l’odorat et la vue nous pouvons admettre par exemple la kinesthésie, l’empathie, distinguer la couleur et la luminosité comme étant deux sens perceptifs différents, de la même façon distinguer les textures et les températures...
Nous pouvons également apprendre à considérer l’abstraction comme une véritable perception à un autre degré. L’anesthésie lorsqu ‘elle est contextualisée par le corps perceptif peut aussi lui être une source d’information.
Tenter de percevoir de nouvelles manières, c’est initier au plus profond du corps, la curiosité qui mettra un terme à la fatalité des impensables. Nous pouvons créer des perceptions et explorer de nouveaux référentiels, par le jeu poétique et à destination de la joie et parfois, par accident, nous trouvons des points de vue aux pertinences improbables pour s’immerger dans le concret, dans la philosophie, le lyrisme et découvrir, explorer de nouvelles « dimensions ». Il y a une dimension précise qui permet aux corps et aux esprits de recouvrer une liberté d’être et qui donne à la théâtralité une essence verticale, qui traverserait toutes les dimensions artistiques et humaines. Pour faire l’expérience de cette perception, il faut exploser les frontières mentales du corps mécanique et admettre que notre esprit interprète ce qu’il sent et que cela envoie au conscient une vision disséquée de ce que le corps perçoit entièrement. Pour qu’une pomme ne soit plus une pomme d’Adam coincée dans la parole des hommes, pour qu’une pomme ne soit plus seulement qu’une représentation surréaliste d’une mondiation, il faut faire l’effort d’y voir un fruit, puis une chair sucrée, et puis une présence animale en reflet. Et quand la pomme sera devenue une présence, le corps pourra enfin la contextualiser en ressentant en-delà de la pomme et l’environnement sensitif ne sera plus qu’un prolongement du corps perceptif et vivre pourra être assimiler à une danse référentiellement et multidirectionnelle, dans l’entière dimension du concret. La pomme sera déjà confondue en nous-même au-delà des chairs et la joie pourra acter la gourmandise et théâtraliser le repas. Devenir autre chose, c’est déjà émanciper son vivant par des actes poétiques, et le corps entier devient un seul et même sens, celui de fusionner avec son environnement.
Le sens est l’image du concret.
Sans la vigilance sans cesse mobilisée, nous échappons au concret et nous redevenons une fiction abstraite et mécanique de notre mentale dépassé.