Passer au contenu principal

Le théâtre, discipline artistique dans le mouvant

L'art inséquençable.

La peinture représente.
La musique représente.
La danse représente.
La littérature représente.
La sculpture représente.
La cuisine représente.
Le rituel représente.

Toutes ces disciplines créent des représentations. Elles sont toutes, potentiellement, des disciplines artistiques. Il existe beaucoup d'autres disciplines qui peuvent et méritent d'être élevées au rang d'art lorsqu'elles s'appliquent à élever la conscience dans l'éclairage d'un monde invisible ou nouveau. 

La peinture propose une façon de vivre l'image. Le dessin propose de concevoir les formes parfois jusqu'à l'écriture. La musique enrichie la vie émotionnelle et rallient les communautés dans l'exploration de leurs émotions ; dans le timbre et la texture la estmusique peut être l'image d'une matière etre, d'un environnement. La littérature est une discipline qui synchronise et forge les pensées sur des idées et des logiques communes. La science peut aisément être considérée comme une discipline artistique, la formulation d'hypothèses étant facilement assimilable à une inspiration poétique. 

Toutes ces disciplines invitent mon être à me laisser affecter par mes sens, et si elles m'émancipent dans ma part sociale, elles touchent ma sensibilité à l'art.

Je suis un être social, et c'est là une caractéristique extrêmement marquée de ma nature humaine.
Je suis un être humain et donc un être destiné à la psychologie et au social. C'est la culture qui me permet de participer au monde humain de façon cohérente et dans la coordination sociale. L'art est cette école qui me permet d'être au plus près de mon humanité. L'art indique le mouvement de ma culture. Lorsque je participe à la vie d'une société j'intègre sa culture et j'absorbe les œuvres qui en émanent. Je ne suis confondu dans une culture que lorsque toutes les propriétés de mon être seront confondues avec cette culture.elle. Échapper à la culture humaine environnante me défait de mon humanité et c'est là le privilège de quelques fous.

Il n'y a pas de culture fondée exclusivement sur la musique ou sur le dessin, sur l'architecture ou la cuisine. Toutes les disciplines artistiques ne peuvent exister que dans leur somme intriquée. L'art est une discipline inséquençable et pourtant
Dans la dynamique de performance et de hiérarchisation générale, il n'y a plus en l'occident quese desmunit majoritairement d'artistes spécialisés dans la production d’œuvres fongibles et politiques. 

J'apprends à regarder avec les images,
J'apprends à penser avec les textes,
J'apprends à bouger avec la musique,
La cuisine m'indique mon corps,
Etc.

Le théâtre est cette discipline qui est en mesure de ne rien écrire, de n'être que la représentation du moment, d'acter ce qui est en train d'être. C'est là sa fonction et sa dimension politique inégalable. C'est ce qui lui donne la caractéristique du spectacle vivant. Mais comment la différencier des autres arts actés par les seules présences, comme le concert de musique où la danse ?

Qu'est-ce que le théâtre représenteacte le plus justement et qui n'est ailleurs que trace, sous-entendu ou autre apparition partielle ? Cette question est essentielle pour traiter du théâtre et de la formation de l'acteur dans cet ouvrage que je m'applique à rendre pertinent.radical.

Que représente le théâtre, dans sa stricte singularité ?

Qu'est ce qui différencie le théâtre de la littérature, de la peinture, des autres arts du spectacle vivant ?
Pour trouver un premier semblant de réponse, je reprends ma fonction radicale de l'abstraction et je creuse jusqu'à la disparition du théâtre :

Cette réponse ne peut être la fiction, tout ce qui est intelligible à l'être humain est nécessairement porté dans l'interprétation de l'imaginaire, la fiction est comme une nature pour l'esprit humain. Je fais maintenant abstraction de la fiction dans mon équation et je continue. 
Cela ne peut être la narration non plus, la littérature est beaucoup plus riche dans ce domaine. J'épluche mon idée de la narration.
Le mouvement, si précieux à mes yeux n'est pas la singularité du théâtre, il est aussi moteur pour la musique et la danse. J'enlève le mouvement.
N'importe quel artiste, qu'il soit dans la forge ou dans l'invisible, acte, à un moment donné, sa présence et
C'est ainsi qu'il est en mesure de représenter. 
La présence d'un acteur n'est pas une singularité au théâtre. La subjectivité et la présence actée ne sont pas des singularités théâtrales.
Aussi, si je fais abstraction de l'acteur je perds le théâtre et la théâtralité. Il doit y avoir dans l'acteur la réponse à ma question. 
J'épluche l'acteur.
Sans son personnage, je ne fais qu'enlever une image. Le corps reste et suffit à la théâtralité. J'abstrais tout ce qui concerne l'image.
Je ne peux enlever l'être, on ne fait pas de théâtre avec des cadavres inertes.
Il me faut bien un corps mais. Je cherche dans l'espace mouvant. Le corps est un vecteur de son mouvement. Ce n'est pas l'objet qui nous concerne, d'autant plus que l'art est une discipline humaine il va donc de soi qu'il nous faut un corps humain animé, mais par quoi ?
Sa pensée ? La question est déjà réglée par l’œuvre littéraire.
Il ne s'agit que de mouvement. Mais il faut distinguer le mouvement théâtral du mouvement musical et de la danse.
Est-ce que ce mouvement est lié à ses états ? Assurément, comme pour toutes les autres disciplines artistiques qui sollicite le lyrisme, les patterns et les autres mouvements ineffables. Ce n'est toujours pas la singularité recherchée.

Je dois changer de référentiel et regarder autrement.

Il n'y a rien dans l'acteur seul qui soit le propre de la théâtralité, et pourtant sans l'acteur il ne peut y avoir de théâtre.
C'est là un paradoxe entre le mouvement et son objet !
La solution est donc sous forme d'un champ. Un champ que définirait l'acteur par son mouvement propre.
Cela ne peut plus être que la capacité de l'acteur
À interagir.

L'interaction est la précision artistique du théâtre.
L'acteur, le dramaturge et tous les autres artistes au théâtre ont comme responsabilité première de représenter les interactions humaines.

Voici donc de quoi traite ce livre. La théâtralité prend sa source dans chaque phénomène né d'une interaction.

Percevoir, se laisser affecter, regarder, vivre les empathies, définir les relations sociales et les mécanismes hiérarchiques, habiter une ambiance, réagir, s'adapter par transformation, s'isoler dans une tragédie, s'intriquer au monde... voici donc un aperçu des enjeux essentiel du théâtre, d'un théâtre mouvant, un théâtre vivant.
Cette idée est aussi limitée que la profondeur du cosmos.

Et voici donc un axe de travail merveilleux pour l'acteur, le dramaturge, le metteur en scène, le régisseur, et chaque être humain soucieux de recouvrir une nature humaine fondée sur une riche relation au monde.

Il faut préciser l'interaction et en faire une science. 

Le théâtre est l'art 
Des interactions.

La théâtralité est l'interaction
Mise en représentation.

Cette singularité me permet d'appréhender cet art dans une ouverture optimale et juste. C'est donc cette idée infinie qui me permet de développer ce texte.