Les états d'intériorité, matière de la théâtralité
Le Théâtre est une discipline faite de mouvements. Ces mouvements sont destinés à l'interaction. L'inertie est une présence remarquable mais, à défaut d'interactivité, elle ne peut créer que des particularités contextuelles, et non des interactions dynamiques. Les interactions dynamiques sont la source nécessaire à toute dramaturgie.
Un corps humain théâtral, dramatique, ne peut être inerte s'il veut être plus qu'une singularité contextuelle. Il doit être mis en mouvement.
C'est ainsi que l'on remarque plusieurs types de mouvements disponible à l'acteur.
Il y a d'abord le mouvement pratique, causaliste, qui participe au scénario, à l'histoire. Tel ou tel personnage fait, ce qui change la situation. Ce fait peut être l'issue d'une action volontaire consciente, ou d'une réaction inconsciente.
La volonté consciente ne produit que des évènements dans un système causaliste. Elle ne génère aucune empathie mais participent activement aux pensées du protagoniste et du spectateur. Elle participe à générer de l'intelligible, une structure a priori logique pour une histoire, en réalité chaotique du point de vue du vivant. Sa dimension pensive lui fait échapper à la théâtralité du corps et de l'acteur. Cette volonté est constructiviste, souvent arrangeante et ne correspond pas, ou plus, à la dynamique du corps, son état.
L'état d'un corps est son mouvement d'intériorité. Ce mouvement influence la pensée. En vérité elle peut la générer. Dans notre ambition à représenter le vivant cet état doit générer la pensée.
C'est alors que la volonté devient indésirable.
Il faut alors se focaliser sur cet état et ici encore nous découvrons deux mouvements d'état.
Les mouvements d'intériorité qui touchent l'affect : le pattern, le sentiment, l'émotion, le geste incarné,
Et les mouvements d'états directement liés à une extériorité : avoir froid, être saoul, être souffrant.
Ce deuxième point déresponsabilise l'être de son état. Il traite plus de l'environnement que de l'être. Il ne peut donc pas être le centre d'attention de l'acteur.
Il est donc un mouvement d'intériorité, bien défini, qui crée des empathies, permet un mouvement d'interaction nourri de responsabilité, et qui devient seule source de lyrisme et qui est seule nécessité à la dramaturgie.
C'est ce que propose de décrire le "processus du vivant".